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CHERIF, BLOGUEUR DU TCHAD 2.0
CHERIF, BLOGUEUR DU TCHAD 2.0
30 avril 2014

TCHAD, OU VA TA POLICE ?

Les rapports entre la population ndjaménoise et la police se tendent. La faute à qui ? Quelle est raison de ce désamour entre les gardiens de la paix et ceux qu'ils sont censés protégés ? Les raisons sont multiples. Alors que les crimes de sang et les agressions armées prolifèrent dans la capitale, un ras-le-bol généralisé envahi les Ndjaménois. Voici le coup de coup de gueule du blogueur du Tchad, Chérif.

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« Hey, houmar da, da’li yala ». Cette belle prose signifie en arabe du Tchad “Hey espèce d’âne, descend tout de suite ». Elle est prononcée par un agent de la police de proximité de la ville de Ndjaména  à l’encontre de votre serviteur sur ce blog, Chérif. La politesse, de ma part et de la sienne, est de mise entre un gardien de la paix et le citoyen qu’il est censé protégé.  

Il était à peu près 20 heures ce mardi 29 avril à une centaine de mètres du rond-point de Dembé. Je déposais un salarié de ma petite agence de communication que j’ai retenu, pour raison de service, au-delà des heures officielles de travail. Le temps de débarquer mon collaborateur sur le côté de la route, un policier à l’allure déglinguée (que nous appellerons Djoko), se tient devant mon véhicule en me demandant avec des signes de la main d’éteindre le moteur. Je me demande logiquement ce qui se passe. Le policier en question, qui avait semble-t-il un grade de capitaine, se rapproche de moi et me demande si je n’ai pas vue le panneau.

Moi : « De quel panneau parlez-vous ? »

Djoko : « Ce panneau là-bas (en montrant l’horizon) »

« Mon frère (excusez cette familiarité toute tchadienne) je ne vois aucun panneau. » Et je poursuis en lui demandant ce qu’il me reproche…

Djoko : « Interdiction de stationner ! »

Moi : « Ok, mais je ne vois pas de panneau et de plus je ne suis pas stationné. Je suis au volant et mon moteur tourne. J’ai juste déposé quelqu’un. »

Et c’est là que la phrase insultante est sortie de la bouche de Djoko… Il imitait, sans doute pour chercher à m’impressionner, un accent de l’est du Tchad caractéristique des maquisards en armes du début des années 1990. Je lui rappel avec fermeté qu’il n’a pas à me parler ainsi.

« Tu es qui pour que je ne te parle pas ainsi ? » me lance Djoko.

Pendant que je « discutais » avec cet énergumène, trois autres policiers se sont agglutinés autour de ma voiture. L’un avec un gourdin, l’autre avec une mitraillette et le troisième armé de son « moussouat » en bouche.

« Ai-je tué quelqu’un pour que quatre agents de police cerne ma voiture ? » leur ai-je demandé…

« Si tu avais tué quelqu’un tu penses qu’on t’aurait laissé parler » explose  le flic à l’origine de cette scène stupide dont je suis, malgré moi, l’un des acteurs.

 Un véhicule garé à une trentaine de mètres devant nous démarre. C’est à ce moment, et uniquement à ce moment que je constate qu’il y avait un panneau.

Malgré que j’étais dans ma voiture et que le moteur était allumé, j’acquiesce et accepte l’infraction dont ils m’accusent. Mais cela méritait-il tant de vacarme ? Je demande alors aux policiers ce que je dois faire …

« Chiffa maya hou » me répond Djoko (traduction : voit ça avec lui)

La personne désignée pour «négocier » avec moi monte à l’arrière du véhicule. Il cherchait dans sa manière d’expliquer les choses à me faire payer une amende « non officielle »

Moi : « Etablissez-moi une fiche d’amende forfaitaire et je règlerai. Je ne vous donnerai pas un francs sans pièce justificative. Si vous n’êtes pas d’accord avec ce que je dis, faites ce que vous voulez ».

Le policier prévient ses collègues qu’il va me conduire au commissariat central.

UN VEHICULE ET TROIS POLICIERS

Nous démarrons et roulons vers le commissariat central. Juste une minute après notre départ le policier qui est monté avec moi me demande de me mettre sur le côté.

J’obéis !

C’est là que Djoko réapparait. Il descend de son pick-up estampillé « Police nationale » et me dit sur un ton menaçant « Si tu veux des complications, on va te compliquer les choses »

Je lui répond : « Allez-y compliquez-moi les choses »

Après deux ou trois minutes de sommations vaines, Djoko remonte dans voiture et roule à tombeau ouvert vers le commissariat, certainement énervé de ne pas avoir pu « racketter » ses 5 000 ou 10 000 francs.

Le plus choquant dans toute cette histoire, est l’immobilisation de trois agents de police et d’un véhicule de service pendant près d’une heure pour une broutille de stationnement ; alors que ces ressources auraient dû servir à lutter contre la « vraie » délinquance.

Un point qui soulève la question de la formation de nos agents de police, de leurs rapports avec la population et de l’efficience des services dans l’utilisation des équipements. 

 

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