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CHERIF, BLOGUEUR DU TCHAD 2.0

CHERIF, BLOGUEUR DU TCHAD 2.0
5 août 2018

Communication : Quelle organisation adopter ?

Au delà des études sur le comportement des consommateurs, des tendances, ou des offres, les agences de communication/marketing doivent savoir comment se structurer pour générer du profit dans un contexte de plus en plus tendu financièrement. Elles doivent s’adapter à leur marché. Mais sous quelle forme ? Petit tour d’horizon.

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En lisant une longue analyse de Jérémy Dumont sur l’avenir des agences de communication/publicité/marketing/média (qui explique au passage que la concentration des compétences et les équipes agiles sont l’avenir des agences), je n’ai pu m’empêcher de faire le corolaire avec le Tchad. Même si nous sommes à mille lieues des situations décrites par le planneur stratégique du videpoches.fr, j’ai souhaité pousser la réflexion. 

John Wren, le PDG du leader américain du secteur Omnicom, déclarait, fin mars 2018 : ‘’A l'issue d'une année 2017 difficile, les grands groupes de communication mondiaux doivent faire évoluer leur modèle face à des clients qui ne les considèrent plus comme les intermédiaires obligés pour communiquer à l'ère du numérique’’
La situation décrite par le magnat américain de la communication est identique à la situation tchadienne, dans la quelle l‘attachée de presse, le RP ou le spécialiste du display est oublié par les annonceurs tchadiens au profit d’une campagne Facebook peu onéreuse.

Pour combattre ce phénomène il faudra aux professionnels redoubler d’effort auprès des annonceurs. Sensibiliser, conseiller à bon escient, délivrer des rendus impeccables et surtout assurer un suivi (une sorte de service après-vente) pour marquer une différence.

D’autre part, concurrencer ‘’un concurrent’’ qui n’est pas soumis aux mêmes règles fiscales et ni contraint aux même charges signifie diminuer le prix de ses prestations. Donc accepter de travailler avec des marges réduites.

 

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La survie des huit agences stables et pérennes regroupées dans la toute nouvelle Association des agences de communication du Tchad (2ACT) passe par cette double démarche.

Le marché de la communication/publicité/marketing au Tchad, qui fait fantasmer au point de voir naître une agence tous les mois, peut être estimé à 2,5 milliards CFA annuel (une broutille) hors marchés publics. Ce chiffre est évidemment empirique et basé sur une estimation des dépenses des deux principaux annonceurs tchadiens (à savoir Tigo et Airtel), des différentes agences de l’ONU et de leurs programmes thématiques. Ce montant sera contesté, mais j’attends des contestataires qu’ils m’apportent des données tangibles afin que je puisse m’enrichir de cette info et rectifier le tir.

Quelles chances de survie sans corruption ?

Quel est donc le coefficient de viabilité d’une agence au Tchad, en fonction du type d’organisation ? Je parle bien de viabilité, car c’est ce que l’on peut espérer de mieux pour le moment. Si on s’attend à plus, il faudra déménager et aller chercher une herbe plus grasse ailleurs.

Pour rappel, mon coefficient de viabilité n'est valable que pour les agences qui travaillent sans avoir recours aux actes de corruption.

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 Certains diront ''mais tu n'as pas répondu à la question de comment faire pour générer du bénéfice ?'' En effet, mais il y a dans ce billet assez d'indications pour éviter de se casser la figure.

Chérif ADOUDOU ARTINE (leader numérique autoproclamé)

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22 décembre 2017

MBD : le show est au dessus de tout !

Ce jeudi 21 et ce vendredi 22, le festival MBD (Mout Bey Dihigue) se déroule au cinéma Le Normandie avec des comédiens tchadiens et un invité gabonais. La représentation de ce jeudi a été éblouissante. Mais quand l'organisation confond spectacle et militantisme corporatiste, ça ne passe pas. Le spectacle d'humour MBD (Mout Bey Dihigue) est excellent. Si vous pouvez y allez, n'hésitez pas une seconde. Rires garanties entre les imitations de présidents africains, la gouaille toute ndjamenoise de Am Aboua Majuscule ou les péripéties de la guest star gabonaise, Omar Defunzu. Une réussite qui donne à N'Djaména un cachet, même éphémère, de ville où il y a des choses à faire le soir. Mais voilà, nous avons une fâcheuse habitude tchadienne (africaine?) de nous lamenter. La sortie "entracte" de Aché Cohelo, la dynamique organisatrice de MBD, sur le manque de soutien des uns et des autres n'était pas la bienvenue. Alors que nous étions entrain de nous tordre de rire, cette intervention arrivait comme un cheveux dans la soupe humoristique. C'est un peu du Gad Elmaleh qui, quand il voit un footeux dans un restaurant lui dit "alleeeeez, marque un but". Ce n'est pas le contexte. Ce n'est pas le moment. Ce n'est pas lieu. Le spectateur n'a pas besoin de ce genre de détails. Quand vous décorez votre scène c'est pour lui montrer la meilleure face possible de votre travail. Et bien là, c'est la même chose. Le public n'a pas besoin de connaître le darkside de votre organisation et les difficultés rencontrées. Le show n'a que faire de ces détails, car lui, il offre du rêve et des paillettes. Ces infos, gardez les pour des masterclass que vous animerez dans quelques années où pour des mémoires que vous editerez en fin de carrière. Remercier les sponsors est une chose que je ne supporte pas, car ces derniers trouvent et tirent un avantage à être partenaires, alors indexer ceux qui n'ont pas voulu l'être est pour moi encore pire. Un manque de discernement criant...mais qui sera, j'espère, corrigé avec l'expérience. À quoi a servi cette séquence trémolos? À rien, si ce n'est à braquer (voir frustrer) des éventuels partenaires pour les prochaines éditions. Je trouve que ce spectacle est un succès. Et rien que cela aurait dû servir de leçon à ceux qui n'ont pas tenu leurs promesses. Votre réussite de ce jeudi (et j'espère de ce vendredi) aurait dû être là seule réponse aux vendeurs d'illusions que vous sermoniez à tort...car après tout chacun est libre de ses actes, de ses choix. Le sourire et les commentaires des spectateurs à la fin de la représentation dans les travées du Cinéma Le Normandie est votre meilleur acquis. Appuyez-vous sur cela. C'est ce qu'on appelle le marketing organique (le bouche à oreilles pour parler de manière plus terre à terre). Rien que lui vous apportera des sponsors supplémentaires. MBD, dernière date vendredi 22 au Normandie à partir de 18:00. Chérif ADOUDOU ARTINE, leader numérique autoproclamé.
22 novembre 2017

Tigo démasque son teaser ''je suis 235''

Tigo Chabab est un nouveau produit de la marque Tigo Tchad. Il s'adresse à la cible Youth avec un reposissionnement clientele bien senti et s'appuye sur une campagne com/mkt 360° ambitieuse mais un peu maladroite au vu de l'ADN que veut donner l'opérateur à son produit.

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"C'est une sorte de réponse à la crise" assurent certains invités de Tigo Tchad lors de la présentation de ‘’Tigo Chabab*, deux semaines après le début d'une campagne teasing outdoor qui se disait fière d'être 235, en référence à un code de langage, caractéristique des GenZ africains, qui utilise l'indicatif téléphonique d'un pays pour désigner celui-ci, les personnes qui en sont originaires ou qui s’en réclament.
En quoi consiste ‘’Tigo Chabab’’ ? Il s'agit, plus que d'une offre, "d'un sous-produit de la marque Tigo, au même titre que Tigo Business par exemple’’ me dit-on du côté de Tigo. Il cible les "Youth", ce segment marketing qui peut être désigné, dans son sens le plus strict, par les consommateurs nés après 1995 (la fameuse génération Z, chère à Didier Pitelet et à la Moon’s Factory).
Le produit présenté ce mardi 21 novembre comprend une formule voice, une formule texte et une formule Internet.
Voice : L''appel coûte 1 franc la minute entre deux numéros ayant souscrit à Chabab. Ça vaut le coup (coût ???) de s'affilier.
Texte : À partir du troisième SMS, le service est gratuit entre deux numéros ayant souscrit au nouveau produit de Tigo. Il y a de quoi faire...
Internet : Gratuité de Facebook, Messenger, Viber et WhatsApp de 21h à 6h du matin pour les connexions à partir de numéros enregistrés Chabab. Sympa, mais les nuits des lycéens risquent de se raccourcir. En bon parent que je suis, je ne peux m'empêcher de le voir sous cet angle.

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Pourquoi une campagne 360° ?

Que serait cherifblogshow.com si je ne parlais pas de la campagne de communication pilotée pour Tigo par l'agence Africa Competence ?
Entendons-nous, le produit Chabab est clairement "mobile centré", on le constate à travers ses offres et sa cible. Mais pourquoi alors avoir déployé autant d'énergie dans une campagne outdoor aussi imposante ? Même si en termes de budget cela ne représente pas beaucoup d'argent, j'aurais investi ces cartouches dans une campagne online. A savoir un site dédié et un lignage FB. Conjugué à un battage, aidé par FacebookAd qui est le must pour les annonces ciblés, durant 15 jours. Chabab aurait parlé à sa cible en priorité et usé des subtilités que peut offrir un site "user-centric" tel que je l'imagine (quizz, content marketing, FAQ sur le nouveau produit, etc.). Plutôt que d'utiliser le outdoor, j'aurais soutenu la campagne avec le média qui demeure le plus puissant au Tchad, à savoir la radio. Pour quand même parler aux parents de ces jeunes.

Une stratégie de repositionnement

J’ai posé la question au Brand Manager de la marque si ce nouveau produit a été conçu dans le but de conforter le chiffre d’affaires ou pour un renforcement de la marque auprés des consommateurs ? « Nous avons constaté que Tigo est cataloguée comme une marque corporate. Avec Chabab, nous souhaitons attirer les plus jeunes et contrer cette image qui ne reflète pas la réalité ». Il est vrai que dans mon entourage direct, je ne connais pas de ‘’Youth’’ qui a un numéro principal Tigo. Les bleus sont donc sensibles aux tendances ! Et ça, en tant que chasseur d’insight, ça me plait.

Chérif ADOUDOU ARTINE (leader numérique autoproclamé)

 

4 septembre 2017

PND: Nour Al Balad, une réponse évidente

La table ronde de Paris des 6, 7 et 8 septembre prochains sera une occasion unique pour les Tchadiens d’attirer des fonds pour le développement de projets divers. L’un d’entre eux, alliant technologies, numérique et métiers ruraux, a retenu mon attention. Focus sur Nour Al Balad.

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Une multitude de projets sera présentée par des industriels et hommes d’affaires tchadiens à la Table ronde co-organisée par le ministère de l’Economie et de la Planification du développement et le PNUD à Paris les 6, 7 et 8 septembre 2017. L’objectif de ces ‘’gold digger’’ tchadiens est de séduire des investisseurs afin de donner vie à leurs idées, et ce en dépit de tous les achoppements inhérents à notre pays. Nour al balad, un programme de développement Agrotech étudié pour la région du Lac, est le projet dont j’ai décidé de parler parce qu’il se singularise par son ambition économique mais aussi par ses visées à portée sociale.

Les mauvaises langues diront : « Chérif ne te moque pas nous, le promoteur de ce projet est ton propre frère » A ceux-là, je répondrai : « Si mon frère à bonne idée, pourquoi ne pas la défendre ? ».

 

 

legendes d'automne

 

 

Nous avons tous (ou presque) en mémoire ces images de champs et d’exploitations agricoles à perte de vue du Midwest américain qu’Hollywood ou que l’hagiographie populaire américaine nous sert depuis des décennies. Imaginez ces plaines verdoyantes sur des dizaines de km² dans la région du Lac Tchad. Des centaines de fermes auxquelles seront liées des exploitations à but lucratif. Une aubaine pour le Tchad et son autosuffisance alimentaire, car le projet a été planifié pour desservir tout le pays. Mais aussi pour une région minée par le chômage et dont les populations sont à la merci de toutes les tentations.

 

Agrotech, énergies renouvelables et emplois

 

planning

 

 

Nour Al Balad s’articule le long d’une couronne autour de la rive méridionale du Lac Tchad parsemée d’agropoles (composées de fermes) dédiées à la production et la transformation de la production agro-sylvo-pastorale. Ce modèle repose  sur l’utilisation des énergies renouvelables et du numérique en vue de l’industrialisation de la production agricole.  Sa mise en œuvre nécessitera l’emploi direct de 150 000 jeunes issus de tous les corps de métier.

Le Business Model relatif au financement des activités du programme repose sur le partenariat public-privé (PPP). Les apports de l’Etat et du secteur privé devront assurer la réalisation des  trois principaux volets que sont les infrastructures de soutien, les agropoles (industrialisation et urbanisation) et les fermes (production sous divers types).

Durant la phase pilote, Nour Al Balad sera réalisé dans la partie tchadienne du Lac Tchad. Ensuite, il sera étendu progressivement sur le 4 autres sites retenus comme zone d’intervention du programme, à savoir :

  1. Le Bahr Rigueyig, un déversoir du Chari
  2. Les plaines du Salamat
  3. Le Lac Fitri
  4. Les aquifères du Grès de Nubie

 

Une réponse évidente

Le projet Nour Al Balad est porté par un pool composé de scientifiques et de businessmen représenté par Amir Adoudou Artine, tycoon ayant pignon sur rue (Pdg de Geyser SA, membre du conseil d’administration du Parc Zakouma, etc) et Président de la Chambre de commerce, d’Industrie, d’Agriculture, des Mines et d’Artisanat du Tchad. Mais aussi grand passionné d’élevage et d’agriculture. Il décrit le projet Nour Al Balad comme une réponse évidente à la crise économique que traverse le Tchad, mais aussi une alternative sur le long terme aux énergies fossiles «(…) le choc pétrolier rend indispensable la relance des activités agro-sylvo-pastorales, véritables moteur de croissance, mais trop longtemps assises sur un système d’exploitation de type traditionnel. Pour les économies africaines, l’agriculture, qui fournit du travail à plus de 60 % (ndlr : source BAD) de sa population, est la clé de l’accélération de la croissance, de la diversification, de la création d’emplois et de la richesse dans tous les plans de l’économie. »

Et de conclure : « Nour Al Balad entre pleinement dans les objectifs du Plan National de Développement du quinquennat présidentiel qui contribuera à la diversification des bases de l’économie nationale dans l’optique du développement durable. »

Sur ce lien, retrouvez la fiche descriptive de Nour Al Balad

Chérif ADOUDOU ARTINE, leader numérique autoproclamé. (@fortius0)

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4 septembre 2017

Nour Al Balad, la fiche du projet

en un clin d oeil

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18 mai 2017

La com' au service du développement

Un thème, une dizaine de villes, dont N’Djaména, et un panel composé de plus de 50 experts/professionnels de la Communication feront vivre durant cinq jours la première édition du ‘’Africa Communications week’’, un réseau d’échanges intellectuels sur l’avenir du secteur lié au développement du continent africain.

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Du lundi 22 au vendredi 26 mai, la boucle mondiale du ‘’Africa Communications Week’’ débattra du ‘’Rôle du communicateur dans le développement de l’Afrique’’ dans une dizaine de villes et sur une quinzaine de sites. Il y aura même un site dématérialisé, car des débats sur Twitter sont prévus durant cette semaine qui projettera l’Afrique au-delà ses propres frontières.

Lancé par un duo féminin composé d’Eniola Harrison et Annie Mutamba, le ‘’Africa Communications Week’’ (ACW) est une campagne annuelle d’échanges ouverte aux professionnels de la communication ayant une expertise et/ou une vision sur l’Afrique et souhaitant partager leurs stratégies pour la transformation et les changements de notre continent. www.africacommunicationsweek.com

Qui sont les organisatrices ?

L’anglophone du duo est Eniola Harisson. Cette élégante Nigérianne est la fondatrice de Bamboo Communication, une agence-conseil en Stratégie de communication, Storrytelling et Content installée à Lagos au Nigéria. Le leitmotiv d’Eniola Harrison à travers ses activités multiples est de faire  progresser les discours sur l’Afrique…à commencer par les discours des Africains eux-mêmes.

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Avec plus de 15 ans d’expérience dans la Communication et le Lobbiyng entre Washington DC et Bruxelles, Annie Mutamba est la seconde figure de proue de l’organisation de l’ACW. Cette originaire de RDC, diplômée de l’Université de Liège en Belgique, s’est spécialisée, à travers son agence-conseil Méridia Partners, dans les relations institutionnelles entre l’Afrique et l’Europe ‘’pour représenter les intérêts des pays africains’’ explique-t-elle.

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A la Chambre de commerce

Les différents évènements seront jumelés durant 5 jours avec des live streaming et des vidéos postées à posteriori sur les pages FB, Twitter, Instagram et LinkedIn du ACW, qui seront alimentées en temps réel pour rendre cette première édition la plus interactive possible.

La boucle du ACW reliera Lagos, Kinshasa, Abidjan, New Dheli, Londres, Bruxelles, Paris,…et N’Djaména.

Notre rencontre tchadienne (mercredi 24 mai 2017 à 16 heures) est organisée par FORTIUS Communication en collaboration avec WenakLabs et la Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture, des mines et de l’artisanat (CCIAMA). Dans la grande salle de la CCIAMA se tiendront deux workshop. Le premier a pour thème ‘Communication et entrepreneuriat’’ et sera animé par Alix Naïmbaye, directrice générale adjointe de la CCIAMA. La seconde séance présentera un concept singulier, qui pour son initiateur est ‘’l’avenir de la communication sur notre continent’’. Ibbo Dady Abdoulaye, directeur de la communication de la CBLT, Commission du bassin du lac Tchad, présentera ‘’Communiquer vers les populations rurales, un moyen de créer une nouvelle classe moyenne en Afrique’’.

Nous vous attendons nombreux sur les RS et ce mercredi 24 à la Chambre de commerce à 16 heures pour faire de N’Djaména une ville reliée au monde.

 

Chérif ADOUDOU ARTINE, leader numérique autoproclamé @fortius0

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16 mars 2017

La Télé-Tchad de demain

Si l’on me confiait la réflexion sur l’avenir de la télévision nationale tchadienne, je m’appuierai sur ce que Michel Serre décrit comme « la troisième révolution anthropologique de l’histoire de l’humanité : le numérique ». Mais aussi sur les leçons apprises des conférences du Boson Project, qui prônent l’adaptation comme socle de la réussite dans le monde de l’entreprise. Voici en filigrane, la télé demain, telle que je la vois.

digressions

On m’a trop souvent reproché de critiquer…uniquement critiquer ce qui se décide au Tchad. La réponse que je donnais aux personnes qui m’aiment (car elles me disent les choses telles qu’elles le pensent) est la suivante : ‘’Je ne suis pas aux affaires, encore moins un politicien en campagne pour faire des propositions (ou des contre-propositions); qui de toute manière seront au mieux imitées (donc délestées de leur essence créative). Et au pire, oubliées dans un tiroir’’ C’est un peu ce dont souffrait Schopenhauer auprès de l’intelligentsia allemande du début du XIXème siècle. A la différence que je ne suis pas aussi prolifique et structuré intellectuellement que ce grand philosophe de l’école kantienne et que l’intelligentsia tchadienne n’est pas… (ok, j’arrête !)

 

En parlant d’Arthur Schopenhauer, je vous annonce un billet de blog sur ce que le planning stratégique doit à« L’art d’avoir toujours raison », un ouvrage qui a influencé beaucoup de sociologues/philosophes contemporains sur la dialectique et la rhétorique des discours politique.

J’ai déjà le titre de l’article (Si Schopenhauer m’était compté !), car je sais exactement ce qu’il y aura dedans. Il  reste maintenant à bien articuler et argumenter le papier.

 

Sortons de la critique et entrons dans le champ de la proposition (publiquement, car je n’ai jamais cessé de le faire dans un cadre strictement professionnel):

La refonte de l’audiovisuel public

Il y a un mois j’ai été reçu, à ma demande, par Madeleine Alingué, ministre de la Communication du Tchad. Durant un entretien de 30 minutes j’ai pu découvrir une femme humble, à l’écoute et consciente de la tâche énorme qui est devant elle. Mais je ne la plaindrais pas pour ce troisième point, car c’est pour des challenges de la sorte que les personnes intelligentes se lèvent chaque matin.

Un citoyen tchadien reçu par une ministre de la République, jusqu’à là, rien de vraiment étonnant. Ce qui l’est plus, c’est que la ministre est une personne pratique (j’avais écrit pragmatique, mais pratique est plus en phase avec la situation) dans sa réflexion. J’ai retenu une phrase qui dénote avec la phraséologie grandiloquente de certains de ses collègues. Je ne vais pas vous dire de quoi nous avons parlé, par respect et par loyauté cela ne se fait pas, mais juste ressortir un élément de cette conversation, qui pourrait vous paraitre creux de prime abord, mais qui résume avec justesse le questionnement de la majorité des Tchadiens : « J’ai envie qu’en me branchant sur Télé Tchad, je puisse avoir une belle image et un excellent son ». La fille de Jean Alingué, ancien PM, a résumé en une phrase l’un des défis du plus gros chantier qui lui est confié au ministère de la Communication, à savoir la refonte de l’audiovisuel public et sa figure de proue qu’est Télé Tchad.

Des chantiers, il y en a beaucoup d’autres (le cadre légal du HCC, le statut des régisseurs publicitaires, la réglementation ‘’diplomante’’ pour accéder à certains métiers, la reconnaissance de la presse en ligne, la frontière légale entre la fonction d’attaché de presse et journaliste,  etc), mais procédons de manière méthodique, chaque chose en son temps… Schopenhauer aurait apprécié.

Avec Chérif Adoudou aux commandes, la question de l’image et du son de Télé Tchad sera résolue en moins d'un mois. C’est une question d’ordre technique, mais pas que. Les équipements dont bénéficie la télé sont tous normés pour offrir la meilleure qualité. Le souci est au niveau des ressources humaines. Tous les réalisateurs, cadreurs, monteurs, preneurs de son et graphistes de la télé bénéficieront d’une formation (non pas qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, mais pour assurer et enrichir leur culture professionnelle) sur les formats de télévision numérique. Ils signeront ensuite une charte de qualité qui les obligera à appliquer les acquis de la formation et seront soumis à des évaluations périodiques sur la qualité du travail fourni. Ces évaluations auront bien évidement des répercussions sur le traitement final du salarié et sur les éventuelles promotions.

J’ai, en théorie, résolu les problèmes d’image et de son.

A mon sens, les questions inhérentes à la refonte de l’audiovisuel public doivent être plus idéologiques.

agilité

L’identité, les valeurs internes, l’image publique et le positionnement sont les quatre piliers à refonder dans l’audiovisuel public tchadien. Et ce, bien avant les questions de grilles de programmes, de logos, de directions ou que sais-je. Cela implique une réflexion profonde qui doit être menée par des personnes extérieures à la machine administrative. Des femmes et des hommes qui ont un regard détaché, mais mus par des objectifs de qualité et de compétitivité hérités de leur parcours respectifs dans le secteur privé.

Voici six questions essentielles (issues d’une liste de 20 rédigées dans le cadre de ma réflexion) par lesquelles on peut trouver des réponses pour construire ‘’ la télévision de demain ‘’.

Quelle télé souhaitons-nous dans 5 ans ? Sachant qu’un lustre dans notre monde hyper connecté est l’équivalent de 50 ans dans les schémas anciens.

Quel positionnement éditorial (actualité, cinéma, divertissement, sport, jeunesse, culture) pour être en phase avec le téléspectateur ? …avec le monde ? … pour contrer la concurrence des chaines privées tchadiennes et étrangères ? Avec des idées d’aujourd’hui et un cinquantaine de millions d’investissement, n’importe quel homme d’affaires visionnaire peut jeter Télé Tchad aux oubliettes. La télé nationale pensent être indéboulonnable, ce qui est faux, et oublie de regarder autour d’elle. Quand le marché de la publicité sera plus concurrentiel, des télés privées, avec des modèles économiques ‘’agiles’’ pousseront comme des champignons. Au Cameroun par exemple, les STV, Canal2, etc. ont secoué et dépassé la CRTV.   

Comment utiliser l’audiovisuel public pour construire un « soft-power » tchadien ? Parce que la télévision nationale et ses productions peuvent être l’instrument d’une diplomatie qui passe par la culture, le sport.. par une image dynamique du pays tout simplement. Les productions Iroko (et leur application Android) attirent les fans des séries diffusées à la télé mais aussi le petit monde des vidéastes professionnels africains. Ces derniers font le déplacement de Lagos. Ils y logent, ils s’y forment et à leur retour dans leurs pays respectifs, adaptent le modèle nigérian – ce qui est synonyme de retombées économiques directes.

Comment utiliser le Web pour développer sa base d’audience ? La télévision de papa c’est fini. Réveillons-nous ! Quand on constate qu’un youtubeur qui produit ses émissions avec 2 caméras reflex et un kit lumière à 300 euros attire dix millions d’abonnés sur sa page, cela doit nous interpeller sur nos tares, mais également sur les opportunités qui s’offrent à nous.

Quelle politique de ressources humaines adopter pour ne pas se laisser dépasser ? Cette télé dont nous rêvons, vous et moi Madeleine Alingué, est managée, animée, produite par des femmes et des hommes qui doivent être ‘’up to date’’. Car en 2017, les technologies nécessaires pour produire une belle télévision évoluent plus vite que le temps qui s’écoule. Je parlais plus haut de l’agilité, prise en exemple par Emmanuelle Duez. Cette qualité des personnes intelligentes doit être le premier critère de sélection des collaborateurs de la télé de demain. A cet effet, le ministère doit prévoir l’intégration d’un centre de formation continue interne à la télé prêt à enseigner les dernières évolutions pour chaque corps de métier.

Quel financement pour une télé vraiment autonome (hors budget émanant de l’Etat) ? Générer de l’argent par ses propres activités est la meilleure manière d’accroitre sa compétitivité et son autonomie de gestion. Il y a d’innombrables poches dans le lignage des activités d’une télévision pour faire entrer des sous. Je pense, entre autre idées, mettre en place une régie publicitaire externe. Elle sera co-gérée par les responsables de la télé et une agence dédiée. Mais l’exploitation sera confiée à l’agence dédiée qui est tenue par des objectifs chiffrés. Ensuite développer une offre de produits audiovisuels shorts consultables gratuitement en ligne et tabler sur le trafic créé pour se faire rémunérer via un outil tel qu’Adsens (monétisation de sites internet). En rendant la plateforme accessible et agréable (UX Design) on peut fidéliser, disons… 5 millions de personnes (sachant que le net n’a pas de frontière). Les spécialistes AdWords, pouvez-vous nous calculer une simulation de ce que cela peut représenter en CFA mensuel ? Mon ami Salim, du collectif Wenak Labs, m’explique que ‘’pour un site basique, AdSens évalue un clique à 300 francs CFA.’’ Si on arrive à attirer 5 millions de personnes par jour (ce qui n'est plus un site basique), cela fait 1 500 000 francs. Par mois cela donne 45 000 000 CFA. Mais pour atteindre ce niveau, il faut carburer et s’appuyer sur des pros qui ont faim !

Le rôle du planning stratégique

Avant d’entamer et d’approfondir cette phase de réflexion nécessaire et vitale pour construire ‘’la télé de demain’’, l’organisme étatique qu’est la Télé Tchad a besoin d’un observateur pour faire comprendre ce que sont les fond baptismaux de cette télé. Sans cette compréhension, toute projection sur le future serait vouée à l’échec. Comprendre les maux éventuels, d’où viennent-ils, quels sont leurs causes, comment et avec qui les guérir, etc. La TVT a donc besoin d’un ‘Responsable de la stratégie’’, ce que les anglo-saxons appellent un CSO (Chief strategy officer) et que dans le secteur de la communication/marketing on appelle un ‘’Planner stratégique’’ outsourcé.

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Produire la télé qu'on a aimée

En tant que professionnel, je me vois produire et offrir aux téléspectateurs cette télévision que j’ai aimée. Cette télévision qui m’a éduquée. Cet écran que j’ai dévoré et dont je m’empiffre encore aujourd’hui. Je souhaite offrir aux aficionados de Télé Tchad les émotions qui étaient les miennes quand je découvrais avec les yeux d’un gamin de 8 ans les Maradona, Zico ou Platini lors de la coupe du monde 19982. D’ailleurs mon plus vieux souvenir télé date de cette époque, un match de foot Argentine-Belgique. Je souhaite communiquer aux petits tchadiens la fierté que j’avais quand je racontais à l’école quelques préceptes scientifiques et/ou historiques retenus dans la série d’animation ‘’Il était une fois la vie/l’histoire’’. Oui, la télévision a été pour mes frères et moi un trait d’union entre l’éducation familiale negro-musulmane inculquée par notre mère et l’école catholique que nous fréquentions. Une sorte de professeur qu’on aime écouter, qui nous cultive, qui nous informe, qui nous divertit, qui nous procure des émotions, qui nous choque parfois. Mais parce qu’il est là pour nous choquer de temps en temps, ce professeur cathodique nous enseigne l’art de le regarder, de le suivre avec intelligence et d’éviter ses pièges (je pense à des émissions telles que ‘’Décryptage’’).

Dans mon for intérieur, j’aimerai tant que les visages de Télé Tchad soient pour les Tchadiens des exemples tels que j’ai pu en avoir en regardant la télé. Que chaque figure publique de la télévision tchadienne soit elle-même un média en dehors du média. Ceci via un blog, une action caritative ou ses comptes de RS car la télé doit aussi servir d’inspiration au public qu’elle draine. Je me suis approprié les personnalités qui partageaient mon quotidien. Ces visages publics sont parfois devenus des inspirations. En entamant mes études de journalisme, je me suis imaginé en Jean Bertolino, grand reporter de TF1, sillonnant caméra à l’épaule la cordillère des Andes dans un reportage sur les narcotrafiquants. J’en ai connu qui se sont lancés dans les affaires grâce à l’image de winner reflétée par Bernard Tapie (période animateur télé) dans l’émission ‘’Ambition’’. Il y a aussi des découvertes parfois étranges de soi-même : je me souviendrai toujours de l’effet que faisait sur moi à l’âge de 12 ans l’animatrice Karen Cheryl. Ahhh, la télévision, une vraie amie, dans tous les sens du terme.

L’adulte que je suis aujourd’hui regarde la télé avec autant de passion et de curiosité qu’il y a trente ans. Assouvir cette passion et répondre à la curiosité de ces millions d’enfants, de femmes et d’hommes qui prennent le temps de passer quelques heures devant les programmes doit être l’objectif principal du futur dirigeant de l’audiovisuel public tchadien.

Chérif ADOUDOU ARTINE @fortius0

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13 février 2017

Miss Tchad, sponsoring sauvage

Dans ma série de billets sur les métiers de la communication, je parle aujourd’hui du sponsoring et des objectifs liés à cette démarche. Avec en filigrane, le concours Miss Tchad.

sponsoring

En féru de branding que je suis, j’ai un faible pour les logotypes. Mais au vu des affiches annonçant le concours Miss Tchad 2017, j’ai failli m’étrangler. Non pas, comme souvent, à cause du graphisme, mais plutôt par l’exposition ostentatoire des marques partenaires. J’en compte pas moins de 37. Sachant que l’un des objectifs d’une opération de parrainage pour un annonceur est la visibilité, on peut dire que c’est raté.

Survole théorique du sponsoring

Tout marqueteur qui se respecte a dans sa bibliothèque un « Kotler » pour se rafraichir la mémoire de temps en temps. Que nous dit la bible du marketing et de la communication sur les objectifs d’une opération de sponsoring ?

objectifs du sponsoring

On associe donc sa marque à un évènement ou son évènement à une marque pour bénéficier de retombées : construction ou renforcement d’image pour l’organisateur et visibilité pour l’annonceur.

Que le concours Miss Cameroun s’associe à BioPharma (produits de beauté) comme sponsor officiel, je dis oui. Car les concours de miss véhiculent (théoriquement) les termes suivants : la féminité, la beauté, le glamour, le charme.

Airtel reflète-t-elle Miss Tchad ?

 

sponsoring sauvage

 

Prenons le cas d’Airtel Tchad, parrain principal de cette édition de Miss Tchad :

Quels stimuli émotionnels apporte Airtel ? (ou ‘’quels stimuli apporte Miss Tchad à Airtel)

Sans vouloir me fâcher avec mes amis rouges, Airtel aujourd’hui procure plus de désagréments que d’émotions positives.

 

Quels attributs ou bénéfices apporte Airtel au concours Miss Tchad ? (ou ‘’Miss Tchad à Airtel’’)

Airtel c’est la grosse société multinationale. Miss Tchad c’est la beauté nationale. Un paradoxe.

Airtl c’est les sms intempestifs et les soucis techniques. Miss Tchad offre des instants de détente à son public. Second paradoxe.

Airtel est un produit pour le grand public. Le concours miss Tchad cible tous les Tchadien. Là ça colle !

 

Quel est le ‘’lifestyle’’ que procure le concours à son sponsor ? (ou le sponsor à Miss Tchad)

Airtel associe sa marque à Miss Tchad pour bénéficier d’une image glamour ? Why not ? Même si quelque part, cela me fait sourir.

Je m’arrête là car je n’ai pas envie de tirer ces exemples en longueur, qui de toute manière se saurait être exhaustifs dans un billet de blog. Je n'affirme pas que ce parrainage est une mauvaise démarche, mais elle ne répond pas aux canons du métier. Si Airtel tire son épingle du jeu en récoltant des ROI positifs suite à cette opération, toute ma théorie tombe à l'eau. Comme quoi...

Le dernier avantage, qui relève moins de la psychologie du consommateur, est la visibilité qu’offre un évènement. Quand Coca-Cola s’associe au JO, il sait pourquoi ! Meme s'il a des co-sponsors, il s'arrange pour qu'il n'y en ait pas 37.

Mais quand Airtel se lie à Miss Tchad au milieu de 36 autres marques, qu’espère-t-elle ? Le message que la marque souhaite faire passer et l’image qu’elle souhaite véhiculer seront de facto brouillés au milieu de ce maelstrom de logos. Même si sur l’affiche officielle, la marque de téléphonie est située au sommet, sa visibilité en pâtira au milieu des autres lors de la soirée.

Pourquoi pas des lubrifiants moteur pour sponsoriser Miss Tchad ?

Au-delà de la simple théorie, il y a la réalité.

Y a-t-il au Tchad une diversité de marques au point que l’on puisse faire la fine bouche et établir une sélection sur base d’insight ? Je ne pense pas. Et à cet égard, je peux tolérer la démarche un peu alambiquée qui consiste à prendre une marque sans réelle accointance comme sponsor.

Quels étaient les objectifs des organisateurs dans leur démarche sponsoring ? Outre offrir de la visibilité (ce qui est raté), les organisateurs souhaitaient-ils des sponsors pour créer des émotions, renforcer l’image et bénéficier des bienfaits du partenaire ou juste aligner les CFA. Chacun se fera son opinion. Pour ma part, je dis que le seul objectif était de de récolter le maximum d’argent, sans se soucier de l’effet miroir et de l’apport mutuel des deux parties. Le sponsoring sauvage que je dénonce est le résultat de cette démarche approximatve.

Organiser un évènement sur le plan opérationnel est une chose, mais préparer ce même évènement en amont est une autre affaire. Une affaire qui ne s’improvise pas en deux mois.

Bonne semaine à toutes et à tous.

Chérif ADOUDOU ARTINE, leader numérique autoproclamé. @fortius0

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6 février 2017

Mht Saleh Haroun dans le panier de crabes

Le cinéaste Mahamat Saleh Haroun a accepté le fauteuil de ministre en charge de la Culture dans le dernier gouvernement tchadien, celui du dimanche 5 février 2017. L’homme, et non pas l’artiste, fait le grand saut dans l'inconnu. Sa personnalité et ses exigences s'accommoderont-elles au landerneau politique local ? Elements de réponse !

Ce dimanche 5 février, Mahamat Saleh Haroun, le cinéaste âgé de 56 ans, est entré dans le gouvernement du Tchad en tant que ministre du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat. Qu’est-il allé faire dans ce panier de crabes ? Qu’attend-t-il de cette fonction politique, lui qui est un pur produit de la méritocratie ? Qu’attendent de lui ses supérieurs hiérarchiques, à savoir le Président de la République et le Premier ministre ? Et surtout pourra-t-il travailler avec le même niveau d’exigence qui lui a permis de côtoyer les plus grands dans son métier ?

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="fr"><p lang="fr" dir="ltr">Bonjour <a href="https://twitter.com/hashtag/Tchad?src=hash">#Tchad</a>-iens<br>Mht Saleh Haroun, qu&#39;est-ce que tu es allé faire dans cette galère? Tu es 10 level O dessus de ces gens. Éternel regret?</p>&mdash; Fortius (@fortius0) <a href="https://twitter.com/fortius0/status/828487796516085762">6 février 2017</a></blockquote>
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Sa grosse moustache, qui me fait toujours penser à celle de Jean Gabin dans cette comédie sur fond mercantiliste de 1968 qu’est « Le tatoué », nous sera désormais familière à la sortie du Conseil des ministres. Cette coquetterie n’est pas le seul élément avec lequel il se démarquera de ses collègues. Mahamat Saleh Haroun est une figure connue et reconnue à l’international. Un homme pointilleux jusqu’au détail. J’en veux pour preuve une de ses sorties un soir d’avant-première au cinéma Le Normandie de N’Djaména. Alors que la projection d’un film devait débuter à 19 heures, même le ministre en charge de la Culture de l’époque (Khayar Ouma Défallah si mes souvenirs sont bons) était en retard. Rien de choquant dans le microcosme tchadien. Mais pour le réalisateur de « Darat », c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il s’en est suivi un discours d’une dizaine de minutes sur le respect d’autrui et la ponctualité. C’était, excusez-moi du terme, HOMERIQUE. Il a remis en place avec justesse et clarté tout ce « beau monde ». Mes voisins de fauteuils étaient choqués et vexés : « hou sawana iyal dougak wa ? ». A ce moment, j’ai compris que cet homme ne pourrait pas travailler sur le long terme avec des Tchadiens lambda s’il ne mettait pas un peu d’eau dans son vin. Mais il n’y a pas que cette différence culturelle sur la ponctualité qui fait qu’il dénote. Pour arriver au niveau de reconnaissance qui est le sien dans le monde du cinéma, il lui aura fallu sûrement s’habiter d’une rigueur extrême. Pour attirer les producteurs qui financent les films, pour susciter le respect des différents corps de métiers qui travaillent sur un tournage, pour convaincre des distributeurs noyés de propositions de vous faire confiance plutôt qu’à un autre, pour séduire les organisateurs de festivals, etc. Autant d’exigences qui ne cadrent pas avec le laxisme ambiant au Tchad. Un laisser-aller qui en a découragé plus d’un. Soit Mahamat Saleh Haroun s’accommode des mœurs du Tchad, auquel cas ce ne serait plus lui, soit il garde intacte ses habitudes professionnels et fera face à un mur, tant physique que qu’idéologique. J’ai connu personnellement un ministre qui souhaitait faire travailler ses collaborateurs et qui s’est pris un MUR dans la figure en guise de remerciement.

‘’La danseuse’’ du Président

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Dans un entretien, accordé au site de l’hebdomadaire Le Point, mis en ligne ce lundi 06 février, le lauréat 2010 du grand prix du Jury du Festival de Cannes explique une des raisons qui l’ont poussé à entrer dans cette équipe gouvernementale : « Si avec les relations que j’ai pu tisser, je peux apporter un coup de pouce à une jeunesse désireuse de s’exprimer… ». Ces explications me laissent pantois, car à mon sens le carnet d’adresse et l’aura internationale du réalisateur serviront plus à la mise en avant d’Idriss Déby qu’à la jeunesse tchadienne. Haroun ne sera rien de plus que « la danseuse culturelle » d’un Président soucieux de sa stature internationale. Une stature qui, si elle pouvait ajouter la sphère culturelle à ses acquis militaires et diplomatiques, ne se porterait que mieux.

Dans un contexte moins vénal, moins pernicieux, moins clivé, voire manichéen j’aurai apprécié l’arrivée de Mahamat Saleh Haroun à sa juste valeur. Car je reste convaincu que sa personnalité et son CV peuvent faire de lui un «game changer». Mais voilà, la politique tchadienne n’offre que deux issus à ses acteurs de second rôle que sont les ministres : elle moule les plus faibles et broie les plus hardis.

Chérif ADOUDOU ARTINE @fortius0

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3 janvier 2017

N'Djaména tient son resto tchadien !

Enfin un restaurant digne de ce nom à N'Djaména tenu par des Tchadiens. Je suis littéralement tombé dingue de cet établissement unique en son genre. Découvrez avec moi un lieu anticonformiste dans tous les sens du terme.

 

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Le Madrégale est un restaurant qui a tous les atouts pour être le #IT de N’Djaména.

- « C’est quoi un #IT Chérif ? »

J’ai un peu adapté le terme #IT, qui désigne dans le jargon de la presse people américaine une « belle femme stylée, qui possède un certain sexappeal et qui est à la une de l’actualité », pour vanter les qualités de mon restaurant préféré. Par exemple, Ashley Graham est une #ITGirl.

Une adaptation de vocabulaire à bon escient, car ce petit restaurant qui ne paye pas de mine est une pépite en devenir. Cela autant pour la qualité de ses repas, sa situation géographique, que son architecture ou sa déco. Un autre avantage du Madrégale est son capital humain, personnalisé par son duo de patronnes : Aïcha et Achouakh, des personnes accueillantes et très attachantes. Elles mettent un point d’honneur à échanger quelques mots avec chacun de leurs convives. Pour les mettre à l’aise tout d’abord, mais aussi, en business women avisées, pour avoir leur avis et ainsi améliorer au quotidien les services proposés. J’aime écouter les infos en mangeant et l’ai réclamé une fois. Du coup, dès que j’arrive la télé est allumée sur France 24. Ça c’est du service !

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Le Madrégale bénéficie définitivement du meilleur emplacement de la ville. Place de la Nation : proche de tout, loin de rien. Il se situe plus précisément dans la rue qui jouxte la fameuse place et l’immeuble de la BEAC. Le petit bâtiment, caractéristique du style architectural sahélo-arabesque, a un charme fou. Esseulée comme un majestueux temple tibétain dans les hauteurs de Lassa, la charmante bâtisse borde une pelouse grande comme 4 terrains  de foot. Les soirées en extérieur y sont très agréables. Le calme, l’espace et les quelques brises qui y soufflent vous procurent  un sentiment de plénitude, sans égale à la fin d’une longue journée de travail. Mais le clou du spectacle visuel est à l’intérieur. Une salle au ton jaune pâle, décorée personnellement par Aîcha et Achouakh, a des airs de loggia ‘’feng shui’’ avec cette fontaine coulant sur le tronc d’un arbre à palabre. Ça vaut le déplacement ! Des clichés de la vie quotidienne en périphérie de N’Djaména ornent les murs au même titre que ces fenêtres en arcade d’ogives. Un anticonformisme qui sied bien à l’esprit du lieu.

« Propre et pas cher ! »

‘’Anticonformiste’’ non pas seulement parce que l’architecture globale est bigarrée. Mais surtout en termes de qualité/prix. Du met le plus basique à l’assiette la plus onéreuse, aucun restaurant de N’Djaména ne peut se targuer d’afficher des prix aussi concurrentiels. Sans perte de qualité en plus ! Partout ailleurs, à deux vous dépenserez un minimum de 20 000 francs pour un plat + boisson. Au Madrégale, l’addition ne dépassera pas les 16 000 francs pour deux plats et deux smoothies (jus de fruits). Ces prix d’entrée donnent le ton pour le reste…

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                                     Le Yassa dore, sans curry.

 

La carte du Madrégale est un mariage équilibré entre cuisine tchadienne (daraba, kissar, etc.), plats africain (sauces à base de feuilles, ndolé, yassa, etc.) et préparations occidentales (bolo, cordon bleu, etc.). Les entrées sont principalement composées de salades et de bouillons. Le soir, Le Madrégale enrichi sa carte en proposant de tendres grillades servies en terrasse. Rien d’extraordinaire, mais tout est bon. « Propre et pas cher » comme dit mon ami Mahamat Moussa. Depuis que je l’ai amené manger au Madrégale, il ne loupe pas un midi. Un autre de mes amis, plus que sceptique sur les capacités des Tchadiens à proposer des plats locaux dans un cadre normé, a été agréablement surpris.

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Votre bloggeur préféré avec Achouakh, l'une des deux patronnes du Madrégale.

 

Le mot Madrégale désigne une variété de vins italiens très prisée dans les Abruzzes, une région centre-méridionale de l’Italie. Mais dans le même temps, Aïcha et Achouakh ne servent pas d’alcool dans leur établissement. Un beau pied de nez ! L’anticonformisme est décidément présent à chaque instant dans ce lieu de gourmandise.

Pour réserver une table ou commander vos plats, c’est ICI. Ou au 60 02 46 16 / 93 15 14 96

Chérif ADOUDOU ARTINE

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